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Le monde

Elections départementales : Guerini menace de retirer l’investiture LRM d’une candidate qui apparaît voilée sur une photo de campagne

Une candidate La République en marche (LRM) remplaçante pour les élections départementales dans le canton de Montpellier-I apparaît voilée sur une affiche de campagne. Sous le slogan : « Différents mais unis pour vous ! », ce cliché divise la majorité présidentielle.

Réagissant à un tweet de Jordan Bardella, le vice-président du Rassemblement national, qui s’en offusquait, le délégué général de La République en marche (LRM), Stanislas Guerini, a menacé de retirer l’investiture du parti à Sara Zemmahi, candidate remplaçante. « Les valeurs portées par LRM ne sont pas compatibles avec le port ostentatoire de signes religieux sur un document de campagne électorale », a-t-il tenu à rappeler, lundi 10 mai, sur Twitter, prévenant que « soit ces candidats changent leur photo, soit LRM leur retirera leur soutien ».

Les valeurs portées par LREM ne sont pas compatibles avec le port ostentatoire de signes religieux sur un document… https://t.co/xTX4YDBxUH

— StanGuerini (@Stanislas Guerini)

Une position approuvée, mardi, sur France Inter par le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, même s’il a précisé que, « juridiquement, rien n’empêche une personne de se présenter à une élection avec un signe religieux, en l’occurrence, un voile »« Ce qu’a dit Stanislas Guérini, c’est que, pour La République en marche, effectivement, on ne souhaite pas présenter de candidats qui s’affichent sur des documents officiels de campagne avec un signe ostensible religieux, c’est une question de choix politique », a plaidé le secrétaire d’Etat.

Roland Lescure, député et porte-parole de LRM, a reconnu un problème sur la forme mais non sur le fond. « Peut-être que sur la forme, ce n’était pas la meilleure manière de procéder, en retweetant Bardella, puisqu’on donne du crédit à ce qu’il dit », a-t-il estimé. Mais « s’ils persistent dans leur volonté d’afficher un signe ostentatoire, on leur retirera le soutien », a-t-il confirmé.

« Je suis en désaccord avec mon parti politique »

Plusieurs députés ont contesté ce recadrage officiel. Pour la députée du Val-d’Oise Naïma Moutchou, « écarter cette candidate serait une discrimination »« Le mépris du droit, c’est l’agenda du RN. Pas le nôtre », a-t-elle ajouté sur Twitter, approuvée par ses collègues Cécile Rilhac et Stella Dupont.

« L’extrême droite ne doit pas dicter notre agenda politique, et encore moins les règles électorales. Aucun texte de loi n’interdit le port de signes religieux dans une campagne électorale ou lors d’un mandat ! », écrit Mme Rilhac, députée du Val-d’Oise.

« L’extrême droite ne doit pas dicter notre agenda politique, ni nos règles électorales. La loi, rien que la loi ! Le port du voile n’est pas interdit aux candidats aux élections françaises. C’est le choix de chacun : candidats et électeurs », complète sa collègue, Stella Dupont.

Sur Radio J, mardi matin, la députée de l’Hérault Coralie Dubost a enfoncé le clou :

« Je suis en désaccord avec mon parti politique. Lorsque vous avez une jeune femme ingénieure, qui fait des heures de bénévolat, qui s’engage dans un parti pour porter des valeurs progressistes, qu’elle soit voilée ou non, elle a toute sa place chez nous. »

Interpellé par nombre de députés, M. Guerini a expliqué sur le fond qu’il ne demandait pas une modification du droit. Sur la forme, « avec le recul, je pense que c’était une erreur de répondre à M. Bardella » et, « si certains ont été heurtés, je m’en excuse », a-t-il ajouté, selon des propos rapportés.

Une proposition de loi LR

Les réactions se sont succédé chez LR, accusé par la majorité de lorgner vers le RN depuis le retropédalage autour d’une alliance LR-LRM en PACA. Le patron du groupe de droite à l’Assemblée Damien Abad a annoncé le dépôt d’une proposition de loi pour imposer la « neutralité religieuse lorsqu’on est candidat à une élection ».

Lors des questions au gouvernement, Julien Ravier (LR) a insisté sur la « division profonde au sein de la majorité » sur la laïcité, qui s’était déjà manifestée sur les questions du port du voile pour les petites filles ou les accompagnatrices scolaires. « La majorité présidentielle n’a aucune leçon de laïcité à recevoir de votre part », lui a rétorqué Marlène Schiappa, rappelant le vote LR contre le projet de loi de lutte contre le séparatisme.

Dans l’Hérault, les candidats LRM sont surpris par ce qui n’était « pas un sujet » pour eux et campent sur leurs positions. « On respecte la loi, rien que la loi », a déclaré à BFM-TV un des colistiers, Mahfoud Benali. « On ira jusqu’au bout avec ou sans étiquette » en « soutenant le président », a renchéri Hélène Qvistgaard, autre colistière.

Source : Le Monde

Article publié le 11 mai 2021

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