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Montpellier MAHFOUD BENALI élection législative

Montpellier : de la présidentielle aux législatives, le marcheur Mahfoud Benali veut compter

Si Emmanuel Macron est au second tour de l’élection présidentielle, la satisfaction n’est pas totale pour Mahfoud Benali. En marche dès 2016, convaincu par le pragmatisme de celui qui allait devenir président de la République, il ne peut que constater le faible score du président-candidat à Montpellier. Avec 22,45%, contre 27,8% au national, ce dernier a été largement débordé par Jean-Luc Mélenchon (40,73%) et ses troupes. De quoi s’interroger quant à l’organisation et l’implantation locale de LREM, notamment dans « les quartiers », avec en ligne de mire, faire réélire Emmanuel Macron et se projeter sur les législatives. Où Mahfoud Benali ne compte pas, cette fois-ci, passer son tour.

Quelle est votre réaction après ce premier tour ?

Tout d’abord, je suis extrêmement satisfait que le président Emmanuel Macron ait amélioré son score en cinq ans. Cela veut dire beaucoup de choses quand on est sortant. Quand je pense que François Hollande n’a pas osé se représenter la dernière fois, quelle leçon ! Après, je suis également déçu que contrairement à 2017, nous ne parvenions pas à Montpellier, avec pourtant quatre députés, à être au même niveau que le score national.

Comment expliquez-vous cette contre-performance à Montpellier ?

D’abord, il y a des raisons d’organisation locale. Depuis cinq ans, nous essayons de nous structurer au niveau de la ville et même de la Métropole en organisant des actions communes à nos comités locaux mais nous nous heurtons à des adversaires plus à l’aise dans ce maillage local avec leurs vieux réseaux. Ensuite, il n’a échappé à personne que nous étions divisés au moment des Municipales et pas présents dans tous les cantons aux élections départementales. L’élection présidentielle est plus mobilisatrice, elle se passe à la télé et dans les réseaux mais avec une implantation plus fine nous pourrons amplifier la campagne nationale. Enfin, il est incontestable que dans la majorité des Métropoles, il y a eu un vote utile de gauche en faveur de Jean-Luc Mélenchon. Loin d’échapper à la règle, Montpellier en est même la quintessence.

Notamment dans les « quartiers », là où vous êtes acteur ?

C’est incontestable. Et pourtant ces cinq dernières années, les politiques mises en œuvre par Emmanuel Macron, ont été très favorables au vivre ensemble dans nos quartiers. J’en retiens particulièrement deux. La première est incontestablement le dédoublement des classes à l’école élémentaire afin que les enfants profitent d’un meilleur suivi de la part de leurs enseignants lors des deux premières années. J’ajoute que le dispositif a donné tellement de satisfaction qu’il sera étendu à l’ensemble de la scolarité élémentaire. La base de la réussite scolaire passe par l’acquisition des savoirs fondamentaux, Emmanuel Macron l’a compris. Avec cette action, il construit pour demain une société plus juste et offre une chance à chaque enfant de réussir.

La deuxième concerne le développement de l’apprentissage, qui me tient à cœur, et pour lequel à titre personnel je me suis battu dès le début du quinquennat avec le dispositif local « 1 artisan, 1 apprenti » repris au niveau national. Dans ce cas précis, Emmanuel Macron a fait preuve de pragmatisme. Je suis diplômé d’expertise comptable, je travaille avec beaucoup d’artisans. Tous me disaient que prendre un apprenti est trop lourd, que s’il ne vient plus il faut aller aux Prud’hommes pour rompre le contrat… Aujourd’hui, le contrat est caduc, s’il l’un des deux ne remplit pas son engagement. Et dès lors les artisans n’ont pas peur d’embaucher des apprentis. Qui aurait imaginé, il y a cinq ans, que nous aurions plus d’apprentis en France qu’en Allemagne ? Et puis, il y a aussi toutes les actions.

Lesquelles ?

Je pense tout particulièrement à la « France, une chance pour chacun » en mai 2018 où Emmanuel Macron est le premier des politiques à ne pas avoir stigmatisé les quartiers, y compris dans l’appellation de « plan pour les quartiers ». Je me souviens de la réunion à l’Elysée, où le Président m’avait invité, et de l’enthousiasme des acteurs associatifs présents devant cette démarche pragmatique. Depuis, je n’hésite pas à lui faire remonter toutes les initiatives bonnes à prendre pour que la France soit une chance pour chacun.

Ainsi, dès 2016, je l’avais d’ailleurs alerté sur les emplois francs. Pas encore candidat, il était venu à Montpellier en octobre pour un de ses trois meetings du rendu de la Grande Marche. Nous avions organisé une rencontre avec les associations et les habitants de La Paillade. J’en avais profité pour l’interpeller sur le dysfonctionnement du dispositif des zones franches. Il m’a entendu puisque, élu président, il les a remplacés par les emplois francs, une subvention de 15 000 euros sur trois ans par salarié d’un quartier prioritaire de la ville embauché par une entreprise, où qu’elle se trouve.

Pourtant c’est un échec électoral à Montpellier.

D’une part, le Président agit pour le bien du pays pas forcément comme d’autres avec leurs démagogies électoralistes. D’autre part, si sortir à 24 % est une contre-performance pour un parti qui ne dispose pas du relais d’élus locaux, que dites-vous aux formations qui cumulent les victoires aux élections locales depuis deux ans et qui sont en dessous de la barre des 5 % ?

Selon vous, pourquoi les Insoumis mobilisent-ils plus que les Marcheurs dans les quartiers ?

Quand on regarde les résultats par bureaux de vote à Montpellier, c’est vrai qu’ils enregistrent des résultats très significatifs dans les quartiers, précisément là où les autres candidats de gauche sont en net recul. C’est donc un vote utile plus à gauche des personnes en grande précarité. L’abstention y est également beaucoup plus forte qu’ailleurs dans la ville. La parole des politiques aux affaires a du mal à être entendue, les habitants n’ont plus confiance. Avec les membres de mon comité nous refusons cette fatalité. Pour combattre ce fait, nous n’avons jamais déserté le terrain et nous avons participé à toutes les élections depuis 2017, européenne, municipale, départementale, régionale et bien sûr présidentielle.

Vous aviez justement fait parler de vous lors des départementales.

Dans notre journal de campagne il y avait un double page intitulée « Différents mais unis pour vous, lève le voile ! ». Ce trait d’humour et la présence de Sara, une militante associative de quartier irréprochable, à nos côtés, en a choqué certains jusqu’au point qu’ils tiennent les mêmes propos que le Rassemblement National ! Là, c’est très grave ! Sur la forme, on nous a demandé de retirer le logo LREM, on l’a retiré. Sur le fond, on a toujours soutenu la politique conduite par le président Emmanuel Macron. Il le sait. À ce sujet, je n’oublierai jamais l’acte de courage politique de notre députée Coralie Dubost. L’intelligence dont elle a fait preuve face à l’emballement médiatique ne m’a pas étonné. C’est une nouvelle venue en politique, juriste de formation, elle fait de la politique avec sa tête, elle ne crie pas avec le troupeau. Elle, elle ne s’est ni cachée, ni a tiré dans le dos.

En dépit de toutes les calomnies que nous avons subies, et qui continuent d’ailleurs, nous avons été dignes et corporate. La question que nous avons posée est loin d’être anecdotique, elle intéresse beaucoup. Depuis quand dans ce pays, respecter la loi est un crime de la pensée ? Selon une enquête médiamétrie, la campagne sur notre canton a compté pour plus de 90 % de la campagne départementale. Elle a même dépassé le temps imparti à celle de Carole Delga, pourtant la présidente de région la mieux élue du pays, c’est dire !

Avez-vous été sanctionné par LREM ?

Non, j’ai toujours la confiance du mouvement tant local que national. J’ai d’ailleurs été délégué sur la circonscription de Montpellier 2 pour la Présidentielle du candidat Emmanuel Macron. Je suis Marcheur depuis 2016, je suis toujours aussi enthousiaste, j’ai été convaincu par le « en même temps » qui seul permettait de sortir des clivages archaïques de la politique. Je suis gré au président Emmanuel Macron de continuer à nous pousser à nous dépasser pour réformer la France, notre pays. Je ne suis pas de ceux qui changent de jambe en fonction des circonstances.

Pourtant, depuis le début de votre engagement politique, vous êtes passé des écolos au PS puis à LREM ?

En plus de 20 ans d’engagement politique, on n’est pas obligé d’être dogmatique. Les enjeux sociétaux évoluent, être dogmatique sur leur lecture est une forme d’archaïsme. Mon entrée chez les écolos, c’est un engagement entre copains pour faire entendre notre voix. Les écolos cherchaient du monde et nous, nous cherchions un parti correspondant à nos valeurs démocratiques. Au début du XXIe siècle, on ne parlait pas encore de wokisme chez les écolos (rires).

Après, mon départ au PS est le fruit d’une rencontre avec Monsieur Georges Frêche qui m’a sollicité pour être membre de sa liste régionale en 2010. Mon seul regret, c’est que mon élection au mandat de conseiller régional est la conséquence de son décès, j’aurai tant aimé siéger sous sa responsabilité. Après 2010, le PS a commencé sa chute locale, parachevée nationalement par les 1,7 % d’Anne Hidalgo, dimanche 11 avril. Ses querelles et règlements de compte internes, ont donné une très mauvaise image de la politique. Le bilan du quinquennat Hollande restera pour beaucoup une trace indélébile. Depuis 2016, j’ai répondu à l’appel d’Emmanuel Macron et je suis dorénavant en marche.

Que dites-vous à ceux qui revendiquent le « tout sauf Macron » ?

En utilisant l’adage « au premier tour on choisit, au second on élimine ! », ils cherchent surtout à justifier leur vote en faveur de Marine Le Pen. Personnellement, je suis un immigré de la première génération, fils d’instituteur socialiste devenu notaire, je sais ce que la France m’a apporté et ce que je lui dois ! J’ai travaillé, je suis à la tête d’une société d’expertise comptable de 43 collaborateurs, mes quatre enfants sont nés français, je ne crois pas que nous, les Français, soyons prêts à nous ratatiner sur nous-même, à nous diviser. Regardez le score d’Eric Zemmour alors qu’il devait tout casser, ce discours n’a pas de prise, à part sur une minorité. « Être français, c’est vouloir être ensemble, c’est un plébiscite de tous les jours » disait Ernest Renan, c’est encore plus vrai aujourd’hui. Des deux candidats encore en lice, seul Emmanuel Macron répond oui à ce plébiscite. Voilà ce que je réponds à nos détracteurs.

Pour beaucoup, Emmanuel Macron est le candidat de la droite. Êtes-vous d’accord avec cela ? 

Depuis 2017, Emmanuel Macron est un candidat de droite et de gauche, c’est le « en même temps », ni plus de l’un que de l’autre, ni moins de l’un que de l’autre. Notre programme est pragmatique. Cette approche nous a permis de surmonter la crise sanitaire. Connaissez-vous un gouvernement qui durant cette période a fait autant pour ses citoyens que le nôtre ? Je ne crois pas que « le quoi qu’il en coûte » puisse être taxé de mesure de droite.

Qu’attendez-vous d’une victoire d’Emmanuel Macron ?

Dès dimanche soir le Président l’a dit, il va proposer une nouvelle formule, un rassemblement encore plus large que celui de 2017. Le pays a besoin d’unité, seul Emmanuel Macron peut fédérer l’ensemble des composantes démocratiques allant des gaullistes aux communistes. Pour réussir ce challenge, aucune voix ne doit manquer le 24 avril dans le camp des démocrates.

Qu’envisagez-vous pour les législatives ?

Vous pouvez vous en rendre compte, je me rase tous les matins donc je pense bien à la circonscription de Montpellier. Je n’oublie pas qu’en 2017 une adjointe au maire m’a été préférée, bilan des courses c’est LFI qui a gagné. J’ai joué le jeu, j’ai sans doute fait une erreur. Vous le savez, on apprend beaucoup de ses erreurs.

 

Source : Métropolitain

Article publié le 17 Avril 22 à 12:07 

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